Main dans la main, je marche avec mes rêves. Où que j'aille ils m'accompagnent, suivis de près par toutes ces créatures qui naissent au fil de mes écrits. Ils me suivent, m'encouragent. Quand je suis né, j'avais déjà un farfadet sur l'épaule, avec ses longues oreilles pointues, son regard rieur souvent couvert par son trop grand chapeau qui glisse tout le temps. Jules. On dirait un champignon.
J'ai rapidement compris que j'étais le seul à le voir. Car quand je lui parlais ou que je l'évoquais dans une conversation, Maman se contentait de sourire … Tu sais, c'est ce petit sourire pincé, crispé, que tu utilises quand tu es mal à l'aise, que tu ne sais pas comment agir. Et plus je grandissais et plus le sourire s'effaçait. Papa me grondait beaucoup. Il disait que je devais arrêter de raconter des bêtises. Que c'était pas beau. Et j'avais beau lui raconter les histoires de Jules, le dessiner … Ni lui ni Maman ne voulaient me croire.
Un soir. J'étais encore petit, j'allais bientôt avoir dix ans. Papa avait invité ses collègues pour fêter la signature d'un contrat qui « allait leur ouvrir les portes du monde », disait-il en faisant sauter le bouchon de la bouteille de champagne. C'était marrant. Tout le monde riait, les flûtes de cristal tintaient entre elles, créant une jolie musique. Et Maman était magnifique ce soir là. Elle l'est tout le temps, mais ce soir encore plus. Elle avait mis ce collier de perles que Papa lui avait offert pour leurs quinze ans de mariage. Ses yeux pétillaient, comme les bulles du champagne. Moi, pour l'occasion, Maman m'avait mis mon nœud papillon. Et j'observais tout ça, assis sagement sur le grand canapé en velours, dessinant tranquillement. Je n'étais pas un enfant difficile. « Ailleurs » disait la maîtresse, « Différent » disait le directeur …
Dans mon dos, j'ai vu que quelqu'un se penchait sur mon cahier. J'ai alors levé les yeux et croisé le regard tendre d'un barbu. Un collègue de mon père. D'une voix un peu rocailleuse, il me demande :
-Qu'est ce que tu dessines, petit ?
Heureux que quelqu'un s'intéresse à mon dessin, je m'empresse de lui répondre.
-C'est Jules. Mon ami farfadet ! C'est un magicien qui change la couleur des arbres !
Le barbu rigole, de ce rire tendre qu'ont les adultes face à l'innocence des enfants. Encouragé, je poursuis.
-Tu peux lui dire bonjour tu sais. Il t'écoute. Il te voit même. Il est là, assis sur le dossier. Il est pas très grand alors il faut faire attention à ne pas l'écraser.
Je pose mon regard sur Jules, et rigole.
-Oui, moi aussi je pense que sa moustache ça doit chatouiller quand il fait des bisous …
Le Barbu garde ce petit sourire, mais il lève un regard surpris sur mon père. J'imite celui-ci, et … découvre un regard que je n'avais encore jamais vu. La honte … puis l'ignorance. La soirée a repris son cours mais je n'ai pas pu y assister. Maman m'a envoyé au lit.
Tu ne dois pas dire ces choses là Miki. C'est des bêtises ! Les gens vont avoir peur de toi. Toutes ces créatures, c'est dans ta tête. Elles n'existent pas. Garde ces choses là pour toi. Tu es différent des autres enfants Miki.
Le directeur avait raison alors. Je suis différent, parce que j'ai beaucoup de chose dans la tête. Je suis différent parce que je vis avec des créatures extraordinaires qui peuplent ma chambre, se glissent dans mon cartable, jouent dans mes cheveux …
Mais je n'ai pas le droit d'en parler. Alors je me tais. Mais j'écris. J'écris toutes ces histoires, d'elfes, de fées, de sirènes, de sorciers …
C'est à partir de mes dix ans que j'ai commencé à ne plus trop parler. Vu que je me faisais disputer, peut être que ça ira mieux si je me tais. Au collège, on a commencé à croire que j'étais muet.
Mes cheveux se sont assombris, mes yeux, mes habits … Maman et Papa n'aimaient pas trop ça je crois, mais au moins je ne parlais plus de toutes ces « sottises », alors ils n'ont rien dit. Mais ils ignoraient tout ce qui se passait une fois que je fermais la porte de ma chambre.
Aux yeux de tous, j'étais cet ado, fils de riche, gothique, timide, effacé à l'air un peu simplet. Les filles trouvaient ça mignon … quelques mecs aussi. Ca les faisait fantasmer visiblement. Mais ils sont très rares ceux à qui j'ai raconté mes histoires.
Aujourd'hui, j'habite dans un bel appartement du Queens. Tous frais payés par Papa et Maman. Je suis devenu ce que j'ai toujours voulu être. Ecrivain. J'ai fini par les raconter mes histoires. Et visiblement, ça plait. Je ne suis pas non plus ultra connu, mais les gens achètent mes livres. Alors je suis content.
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Prénom, Nom : Description du lien, blablabla
Exsistit autem hoc loco quaedam quaestio subdifficilis, num quando amici novi, digni amicitia, veteribus sint anteponendi, ut equis vetulis teneros anteponere solemus. Indigna homine dubitatio! Non enim debent esse amicitiarum sicut aliarum rerum satietates; veterrima quaeque, ut ea vina, quae vetustatem ferunt, esse debet suavissima; verumque illud est, quod dicitur, multos modios salis simul edendos esse, ut amicitiae munus expletum sit.
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Exsistit autem hoc loco quaedam quaestio subdifficilis, num quando amici novi, digni amicitia, veteribus sint anteponendi, ut equis vetulis teneros anteponere solemus. Indigna homine dubitatio! Non enim debent esse amicitiarum sicut aliarum rerum satietates; veterrima quaeque, ut ea vina, quae vetustatem ferunt, esse debet suavissima; verumque illud est, quod dicitur, multos modios salis simul edendos esse, ut amicitiae munus expletum sit.
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